Night 11 : King Kong Théorie.
- justine BETEMS
- 2 mars 2017
- 3 min de lecture
Ok cette journée à été parfaite. Lake et moi avions rendez-vous vers 21:00 dans un restaurant Thai à 2 stations de métro de chez moi. (Torung Restaurant sur Hollywood bld. Je vous le conseille fortement) Ticket pris, j'attends le prochain métro dans 15 minutes, posée sur un banc. Deux mecs en vélo, attendent pas trop loin de moi. L'un d'eux commence à entamer la conversation. Le truc c'est qu'il à un accent très fort et qu'il est sous stup. Je comprends rien de ce qu'il me dit.. Néanmoins je sens que c'est une conversation vouée à rien donc je cherche pas à comprendre. Je répond très furtivement que je comprends pas. Ils ont continué a me parler, me poser des questions que je comprenais mais genre absolument. Puis ça a commencé à les chauffer que je '' fasse mine de pas comprendre '' , alors ils ont commencé par m'insulter sur ma couleur de peau, et là bizarrement c'était tellement plus clair : " is it your real skin color? Are you serious you're white as fuck. Fucking white people. " J'écoutais même plus, je me contentais d'avoir l'air absorbée par mon téléphone. A un certain moment, dans un grand élan de solidarité plusieurs personnes leur ont demandé de me laisser tranquille. Au lieu de s'arrêter là, ils ont continuer encore plus agressivement jusqu’à ce que je leur parle et leur disent qu'ils m'enmerdaient et que j'en avais marre de les entendre. Je vous passe les 5 minutes d’élocutions sympathique qui ont suivis sur mon physique, mon statu social, le métier je devais probablement faire et les insultes sur ma famille et le pays d'où je viens. Puis les plus trash. Puis les mains qui dérapent. Et je suis partie très vite pour prendre un Uber.. Il y a quelques mois je lisais King King Théorie de Virginie Despentes. Et c'est fou comme ça résonne avec ce qu'il s'est passé hier soir :
" Camille Paglia est sans doute la plus controversée des féministes américaines. Elle proposait de penser le viol comme un risque à prendre, inhérent à notre condition de filles. Une liberté inouïe, de dédramatisation. Oui on avait été dehors, un espace qui n'était pas pour nous. Oui on avait vécu, au lieu de mourir. Oui on était en minijupe seules sans un mec avec nous, la nuit, oui on avait été connes, et faibles, incapables de leur péter la gueule, faibles comme les filles apprennent à l'être quand on les agresse. Oui ça nous est arrivé, mais pour la première fois, on comprenait ce qu'on avait fait : on était sorties dans la rue parce que , chez papa-maman, il ne se passait pas grand-chose. On avait pris le risque, on avait payé le prix, et plutôt qu'avoir honte d'être vivantes on pouvait décider de se relever et de s'en remettre le mieux possible . Camille Paglia nous permettait de nous imaginer en guerrières, non plus responsables personnellement de ce qu'elles avaient bien cherché, mais victimes ordinaires de ce qu'il faut s'attendre à endurer si on est femme et qu'on veut s'aventurer à l'extérieur. " (...) " Quand des hommes mettent en scène des personnages de femmes, c'est rarement dans le but d'essayer de comprendre ce qu'elles vivent et ressentent en tant que femmes. C'est plutôt une façon de mettre en scène leur sensibilité d'hommes, dans un corps de femme. (...) Dans ces trois films on voit donc comment les hommes réagiraient, à la place des femmes, face au viol. Le message qu'ils nous font passé est clair : comment ça se fait que vous ne vous défendez pas plus brutalement ? Ce qui est étonnant, effectivement, c'est qu'on ne réagisse pas comme ça. Une entreprise politique ancestrale, implacable, apprend aux femmes à ne pas se défendre. Comme d'habitude, double contrainte : nous faire savoir qu'il n'y a rien de plus grave, et en même temps, qu'on ne doit ni se défendre, ni se venger. Souffrir, et en rien pouvoir faire d'autre. C'est Damoclès entre les cuisses. Mais des femmes sentent la nécessité de l'affirmer encore : la violence n'est pas une solution. Pourtant, le jour où les hommes auront peur de se faire lacérer la bite à coups de cutter quand ils serrent une fille de force, ils sauront brusquement mieux contrôler leur pulsions "masculines", et comprendre ce que "non" veut dire. J'aurais préféré, cette nuit-là, être capable de sortir de ce qu'on a inculqué à mon sexe, et les égorger tous, un par un. Plutôt que vivre en étant cette personne qui n'ose pas se défendre, parce qu'elle est une femme, que la violence n'est pas son territoire, et que l'intégrité physique du corps d'un homme est plus importante que celle d'une femme. "
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